Le 6 décembre 2024, un accord marquant a été scellé entre El Salvador et le Fonds monétaire international (FMI) : un prêt de 1,4 milliard de dollars, en échange d’un engagement du Salvador à ne pas continuer l’accumulation de bitcoins. Cependant, la réalité semble plus complexe. Les données on-chain dévoilent un Salvador qui persiste à augmenter discrètement ses réserves de Bitcoin. Pendant ce temps, le FMI semble détourner le regard. Comment expliquer cette situation ambiguë entre respect des engagements et contournements stratégiques ?
Un accord précaire avec le FMI
Au cœur de l’accord du 6 décembre 2024 entre El Salvador et le FMI se trouve une condition claire : le pays doit cesser d’acquérir du Bitcoin pour bénéficier de l’aide financière. Cette aide est cruciale pour stabiliser une économie menacée par une dette publique croissante et des réserves de change amoindries. Selon Rodrigo Valdés, directeur du département de l’hémisphère occidental au FMI : « En ce qui concerne El Salvador, permettez-moi de dire que je peux confirmer qu’ils continuent à respecter leur engagement de non-accumulation de Bitcoin par le secteur fiscal global, qui est le critère de performance que nous avons. »
Des achats en douce via des entités masquées
Mais la blockchain, avec sa transparence infaillible, révèle une autre histoire. Selon les informations provenant de l’El Salvador’s Bitcoin Office, le pays a acquis 7 BTC lors des sept derniers jours, pour une valeur dépassant 650 000 dollars. Cette stratégie n’est pas nouvelle : depuis mars 2024, le gouvernement adopte l’approche « 1 Bitcoin par jour ». Comment cela est-il possible sans enfreindre l’accord ? La réponse réside dans l’utilisation d’entités non gouvernementales ou de structures para-étatiques pour exécuter ces achats, permettant ainsi de respecter les engagements formels avec le FMI.
Interprétation flexible ou aveuglement volontaire ?
Quant au FMI, il semble jouer la carte de la souplesse, voire du déni. En affirmant que seules les activités du secteur fiscal sont limitées, il crée un espace de manœuvre. Anndy Lian, expert intergouvernemental en blockchain, décrit cette démarche comme une « interprétation flexible », autorisant des acquisitions via des entités reclassifiées ou des actifs non publics. Cette stratégie permet à El Salvador de poursuivre son expérimentation avec les cryptomonnaies sans froisser les institutions financières internationales. En parallèle, la relation de plus en plus forte du pays avec Bitcoin se renforce : en mars 2025, El Salvador a annoncé un partenariat avec Binance pour lancer les fameux Volcano Bonds.
Conclusion
El Salvador marche sur une ligne fine entre respecter les contraintes du FMI et son engouement pour le Bitcoin. Alors que le FMI semble fermer les yeux, probablement par pragmatisme, le Salvador continue de redéfinir les règles en alliant coups symboliques et habilité juridique. Cette évolution en fait un véritable laboratoire monétaire, observé avec fascination et scepticisme à travers le monde.
FAQ
El Salvador respecte-t-il réellement son accord avec le FMI ?
Officiellement, oui. El Salvador s’engage à ne pas acheter de Bitcoin via son secteur fiscal global, mais utilise des entités non-gouvernementales pour continuer ses acquisitions.
Pourquoi le FMI reste-t-il silencieux sur ces achats de Bitcoin ?
Le FMI pourrait privilégier une approche pragmatique, considérant que la souplesse ou le déni permet de maintenir une stabilité économique tout en respectant formellement l’accord.
Quelle est la stratégie d’El Salvador avec Bitcoin ?
Depuis mars 2024, El Salvador adopte une stratégie d’accumulation régulière de Bitcoin avec une approche « 1 Bitcoin par jour », souvent via des entités non-gouvernementales.
Quel est l’impact de cette politique sur la scène internationale ?
El Salvador se positionne comme un pionnier dans l’adoption du Bitcoin à l’échelle nationale, suscitant l’intérêt et la critique à la fois sur le plan international.